Déploiement d’une force militaire régionale en RDC: pas d’accord, la LUCHA saisit TSHISEKEDI

Déploiement d’une force militaire régionale en RDC: pas d’accord, la LUCHA saisit TSHISEKEDI

Le Mouvement citoyen Lutte pour le Changement n’est pas d’accord avec un quelconque déploiement dans les prochaines semaines, de la force militaire régionale à l’Est de la RDC, pour rétablir la sécurité dans cette partie, instable depuis plusieurs années.

Ceci a été pourtant approuvé à Nairobi le lundi 20 Juin 2022, au cours d’un sommet qui a connu la participation active des présidents Uhuru Kenyatta du Kenya, Félix Tshisekedi de la RDC, Yoweri Museveni de l’Ouganda, Salva Kir du Sud Soudan, Evariste Ndayishimiye du Burundi, Paul Kagame du Rwanda et le représentant de la présidente tanzanienne Samia Suhulu.

Quelques heures après la tenue de ces assises, la LUCHA a écrit au président congolais une lettre dont l’objet est « notre rejet du projet d’une force régionale Est-Africaine et nos contre-propositions. »

Lisez ladite lettre in extenso

Monsieur le Président,
Alors que le troisième conclave régional des Chefs d’États sur la République Démocratique du Congo
auquel vous avez personnellement participé à Nairobi ce lundi 20 juin vient de valider l’activation et le
déploiement d’une force régionale de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) dans la partie
orientale de notre pays ;
Tout en appréciant l’enthousiasme affiché par le président Uhuru Kenyatta en vue d’une solution rapide
et définitive aux cycles de conflits armés dans l’est de notre pays ;
Permettez-nous d’attirer votre attention sur les points suivants :

  1. Vous n’êtes pas sans savoir que toutes les armées de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est sont
    déjà présentes dans l’est de notre pays, sous une forme ou une autre : l’armée rwandaise est associée
    au M23 au Nord-Kivu et soutient le Red-Tabara au Sud-Kivu, en plus des opérations dites spéciales
    qu’elle mène ponctuellement sur notre territoire avec votre permission.

L’armée ougandaise que vous avez invitée, opère ouvertement au Nord-Kivu et en Ituri (opération Shujaa) depuis novembre

  1. L’armée burundaise opère régulièrement au Sud-Kivu, et l’armée sud-soudanaise dans la
    province du Haut-Uélé.

Quant aux armées tanzanienne et kényane, elles sont déjà présentes au Nord-Kivu et en Ituri dans le cadre de la Brigade d’Intervention (FIB) des Nations-Unies.

  1. Au moins trois sur sept États membres de l’EAC sont impliqués depuis plus de deux décennies dans
    l’agression et la déstabilisation de notre pays à travers des interventions directes de leurs armées ou,
    par procuration, à travers des groupes armés.
    Le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, et dans une moindre mesure le Soudan du Sud, font face à des rébellions ayant des bases-arrière dans l’est de la RDC, et régulièrement ils s’accusent entre eux de déstabilisation.
    Ils se disputent l’influence, voire le
    contrôle d’une partie de notre pays pour des raisons aussi bien sécuritaires qu’économiques et
    géopolitiques, si bien que plus d’une fois ils ont eu à s’affronter sur notre territoire, directement ou
    par groupes armés interposés.
  2. En plus de l’armée Congolaise, de la centaine de groupes armés locaux et étrangers, et des armées des pays voisins, il y a également la présence de milliers de Casques Bleus de l’ONU qui sont déployés dans l’est de la RDC depuis plus de 20 ans.
    Au regard de ces éléments factuels, l’idée d’une force régionale, comprenant des armées hostiles ou déjà présentes sur notre territoire, pose de multiples problèmes d’ordre politique, stratégique, et même
    opérationnel. Et il ne suffit pas de mettre à l’écart l’armée rwandaise de cette force régionale : la
    participation des armées ougandaise, burundaise et sud-soudanaise est tout aussi indésirable.

Monsieur le Président,

Pour toutes ces raisons, nous rejetons vigoureusement le projet de déploiement d’une nouvelle force.
régionale et vous appelons à y renoncer sans atermoiements. A la place, nous proposons ce qui suit :

  1. Requérir du Conseil de Sécurité de l’ONU le renforcement de la Brigade d’Intervention en troupes (par les pays de la région à l’exclusion du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et du Soudan du Sud) ainsi qu’en moyens logistiques.
    La structure de commandement de cette FIB renforcée devra être plus autonome à l’égard du reste de la force de la MONUSCO, ses règles d’engagement plus souples en vue d’assurer sa proactivité, et ses objectifs plus clairement énoncés et assortis d’un chronogramme fixe.
    Afin de réduire les effectifs militaires inutiles dans l’est de notre pays et
    d’optimiser les ressources, vous devriez demander le retrait immédiat du reste de la force de la MONUSCO et l’allocation des ressources dégagées à la Brigade d’Intervention ainsi renforcée.
  2. Mettre immédiatement un terme à l’opération Shujaa de l’armée ougandaise et à toute éventuelle
    autre opération d’une armée étrangère qui serait en cours en RDC avec votre autorisation. Dans le même ordre idée, en vue de dissiper tout soupçon, vous devriez rendre public, ou à tout le moins transmettre au parlement tous les accords militaires et économiques passés avec l’Ouganda, le
    Rwanda/M23 et le Burundi depuis votre arrivée au pouvoir.
  3. Mettre en œuvre le programme DDRC-S, lui doter d’un cadre légal plus approprié, et lui doter d’un leadership consensuel et crédible en lieu et place de l’ex-chef rebelle pro-Rwanda et pro-balkanisation, Tommy Tambwe.
  4. Saisir sans plus de délai les Nations-Unies en vue de la création urgente d’un tribunal pénal international pour la RDC ou d’un mécanisme judiciaire équivalent pour juger les principaux auteurs Congolais et étrangers des crimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis sur le sol Congolais depuis 1990 jusqu’à ce jour. Au même moment, faire adopter rapidement d’une stratégie nationale globale de justice susceptible d’assurer à toutes les victimes le droit à la vérité, aux compensations, aux réparations, à la mémoire et aux garanties de non-répétition. Car,
    comme le montre encore la résurgence du M23, sans la justice, la paix et la cohésion nationale resteront illusoires.
  5. Faire de la réforme de nos forces de défense et de sécurité une priorité nationale absolue, et tout mettre en œuvre tous les moyens légaux, politiques et financiers nécessaires à cet effet. Nous proposons la réduction immédiate d’au moins 30% des budgets de fonctionnement et de personnel politique des institutions de la République et l’allocation des ressources économisées à nos forces armées dans le cadre du récent projet de loi de programmation militaire. Car, à terme, continuer à faire dépendre notre sécurité du bon vouloir des autres et des interventions étrangères quelles qu’elles soient est un déni de notre souveraineté et une humiliation insoutenable.
    Notre pays a besoin d’avoir une armée et des forces de sécurité puissantes, véritablement professionnelles et
    apolitiques, capables de défendre son territoire, l’ensemble de ses citoyens, et nos intérêts vitaux contre toute menace intérieure ou extérieure.
    Soyez assuré, Monsieur le président, de notre engagement citoyen et patriotique.

Richard MUHIMA

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