Chronique : Willow Miller, le talent ne suffit pas…

Chronique : Willow Miller, le talent ne suffit pas…

S’il y a bien des artistes talentueux à Goma, tous les domaines confondus, Willow Miller fait partie de la crème la crème. Ses chansons sont des  » hits  » dans la communauté locale qui se font chanter à presque chaque coin de rue. Mais le musicien a encore du chemin à faire pour exceller et se faire une carrière à la hauteur de son talent.

Ce samedi 18 février, l’institut français a accueilli un concert bouillonnant de Willow Miller, qui présentait, dans un concert solo, pour la première fois son EP  » Kasuku  » au public, sorti il y a une année. Ce spectacle, qui a exalté les participants, à connu d’innombrables erreurs qu’on ne peut cautionner lorsque l’on s’appelle Willow Miller.

Willow fait partie de ces artistes talentueux qui ne sont jamais reconnus à juste titre. Pour bien des raisons, l’artiste tourne en rond et peine à maintenir son emprise sur Goma afin d’espérer une reconnaissance nationale. Chanteur-compositeur indépendant qui produit une musique unique et inspirante mais qui peine à sortir de sa zone de confort, on a voulu appréhender les raisons. Certaines, son concert nous les a livrées.

Un concert mi-figue mi-raisin

Lors de son concert, Willow Miller a prouvé encore une fois qu’il possède une voix forte et expressive, avec une gamme vocale étendue et une tessiture riche. En tant que compositeur, il est capable de créer des mélodies puissantes et des mouvements de musique immersifs qui sont à la fois modernes et ancrés dans la vie quotidienne de ses compatriotes.

Malgré ses talents, l’interprète de  » Sofia  » est confronté à une série d’obstacles qui ralentissent sa carrière musicale. De son entourage à l’artiste, il s’observe un laxisme criant niveau professionnalisme. C’est la première fois qu’il livre un concert public solo pour promouvoir son mini album de 5 titres, qui n’a pas connu l’engouement attendu par manque d’une communication adéquate. Nous pouvons le comprendre, la dimension financière a des raisons que le public ignore.

À la Halle les Volcans, lors du concert, Willow Miller a divisé. Entre l’impression qu’il se prenait pour une rockstar invitant, tour à tour, de musiciens underground pour les interprétations et le fait qu’il manquait de maîtrise sur scène, il y avait à boire et à manger, et cela dans tous les sens, bon comme mauvais. Sur le même podium, il s’est focalisé un peu plus sur les réactions du public l’invitant à maintes reprises de l’applaudir au lieu de prester. Ses chansons, il ne faisait qu’à demie teinte avec une migration sur le ndombolo. Défaillance de la préparation ou volonté à enjailler le public ? Seul l’artiste a des réponses à cette façon qui n’a pas plu à plus d’un. Ajouter à ceci un enchaînement de déboires extra musicales, à l’image de polémiques qu’il se crée dans les interviews, le chemin à parcourir par l’artiste est encore long.

Malgré tous ces obstacles, l’homme de « Kambelele » continue de produire de la musique appréciée en faisant preuve de passion et de persévérance. Sa musique unique et son style artistique sont sûrs de séduire un public plus large une fois qu’il aura réussi à se construire un charisme artistique sur scène comme en dehors. Loin de là, Willow Miller est un patrimoine de la ville touristique.

David Kasi

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