RDC: mission militaire, l’EAC exhibe une fragilité d’une organisation qui peine à se dérider

RDC: mission militaire, l’EAC exhibe une fragilité d’une organisation qui peine à se dérider

L’analyse classique de la politique d’intégration régionale conduite depuis un certain moment au sein de la Communauté est-africaine (East African Community, EAC) le constat est équivoque : celle de la disjonction entre les objectifs fixés à l’organisation et les réalisations effectives. Le cas de sa mission militaire en République Démocratique du Congo pour retablir la paix et sécurité dans sa partie orientale confirme ce manque d’uniformité dans les décisions prises par la hiérarchie de la communauté est-africaine.

En effet, les objectifs fixés à l’EAC par son traité fondateur en novembre 2000 lient étroitement intégration institutionnelle, développement économique et social et renforcement de la sécurité au sein de la zone. Le Congo-Kinshasa, étant un grand marché brut, son entrée dans cet espace était l’objet d’une double situation, en premier lieu offrir aux pays de la sous région ses capacités de sol et sous sol potentiellement riches et en deuxième lieu, profiter de la garantie sécuritaire de par ses pairs, connaissant que la plupart de ses agresseurs qui s’enrichissent de ses bienfaits au détriment des ses millions de population se trouvent dans cette zone, notamment l’Ouganda et le Rwanda en première ligne. Les objectifs poursuivis par la RDC sont légitimes et légaux, mais Ils ont vocation à être réalisés par le biais d’une intégration progressive, néanmoins rapide en suivant la logique telle de l’intégration douanière comme celle de 2005, commerciale en 2010, monétaire en 2012 et enfin politique. La sécurité dans la région EAC, est un domaine auquel l’organisation n’a pratiquement pas un plan bien assis faute aux hautes instances sous-régionales de pratiquer une mesure contraignante quant à ce. Les cas Kenyan en 2008 étant beaucoup plus lucide.

Le commerce, une de grandes valeurs de l’union

L’EAC a une dominante essentiellement commerciale, supposée être un préalable indispensable à toute ambition supplémentaire dont la sécurité aussi, un objectif stratégique de stabilisation globale de la zone. Or c’est dans le cadre de cette stratégie que peuvent être compris les programmes régionaux conduits même par l’EAC , coopération militaire, économique…

La sécurité une denrée rare de l’EAC

Dans les faits, le bilan politique, diplomatique et sécuritaire de l’EAC pourrait apparaître limité. La prégnance des conflits dans la zone ainsi que les récentes violences au Kenya, la locomotive économique régionale, ternissent le bilan de l’EAC. Ainsi, l’EAC n’a jamais produit de déclaration commune appuyé sur les conflits en République démocratique du Congo, pourtant ce sont fondamentaux pour le devenir de la zone. L’association du Kenya, de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, de la RDC pourrait, en première analyse, apparaître évidente. Pays riverains du lac Victoria, qui constitue le cœur géostratégique de l’EAC, ils sont caractérisés par une identité linguistique, celle des langues bantoues et plus spécialement du swahili aussi parlée à l’est du Congo-Kinshasa offrant une intercompréhension entre les populations.

Le chaos de sa mission militaire

L’intervention militaire de l’Ouganda et du Rwanda dans les années 96 et malgré les élections démocratiques 3 fois organisées et bientôt une quatrième ne sont pas encore des signaux très lumineux aux pays de la sous région pour dénoncer l’agression rwando-ougandaise à l’est de la RDC malgré plusieurs la charte de l’organisation sous régionale de l’Afrique Sub-Saharienne appellant aux pays membres de ne pas déstabiliser un Etat membre. La communauté est-africaine poursuit des objectifs ambivalents, le commerce dans l’union, et la sécurité est de la responsabilité de l’État seul, pourtant une clé de voûte pouvant attirer la confiance dans les échanges commerciaux.

Dans la communauté est-africaine, des amis que du bon moment

Les cas des désaccords entre la Tanzanie et le Kenya, les tensions autour de la saisie par les autorités tanzaniennes de 1 300 vaches kényanes venues paître de l’autre côté de la frontière en 2017, suivies d’une action diplomatique virulente de part et d’autre, l’Ouganda et le Rwanda sur le probable appui ougandais à un ressortissant rwandais pour renverser le regime de Kigali, les relations diplomatiques étaient rompues entre ces deux états à un moment donné en 2019, le Burundi et le Rwanda de l’époque de l’ancien président, le feu Nkurunziza, les deux pays s’accusaient mutuellement de l’espionnage et cette rivalité identitaire des communautés Hutu-Tutsi majoritairement peuples du Burundi et du Rwanda, transporté sur le territoire congolais, du coup l’image que reflète l’EAC est beaucoup plus fragile qu’on pourrait l’apercevoir.

Les intérêts divisés au sein d’un même regroupement

Avec sa mission militaire venue pour le retablissement de la paix et la sécurité à l’est de la RDC, les décideurs de la zone est-africaine n’ont pas parlé le même langage au départ pour venir à bout de la rébellion rwandaise M23 opérant en RDC sous une couverture de la protection ethnique. Le mandat voulu offensif par les autorités de Kinshasa a porté à confusion dans les différents états-major qui devraient contribuer en troupes sur les lignes des fronts. Certains commandements se voulant pour une issue politique contrairement aux conclusions d’Addis-Abeba appellant les supplétifs de Kigali à la démobilisation et au cantonnement, appuyé la feuille de route de Luanda opérationnalisant ce retrait des rebelles dans les différentes positions qu’ils occupent sous un grand sabotage de la rébellion du 23 mars.

La reprise des combats entre belligérants à l’Est du Congo, risque de faire éclater le conflit rwando-burundais occasionnant une deuxième bataille entre deux armées régulières étrangères sur le sol congolais. Cela étant du manque d’orientation claire dans le chef du commandement de la force militaire de l’EAC en mission officielle en RDC, le contingent burundais laissant paraitre de traitement de faveur entre les contingents de la même force à l’égard de la rébellion du M23, le Kenyan, ougandais et sud-soudanais, chacun des pays ayant des intérêts différemment de l’autre sur la question congolaise.

Pour sa toute première mission militaire, un échec

Plusieurs observateurs le pensaient plutôt, la mission militaire de la communauté est-africaine n’a pas déjoué tous ces oiseaux de mauvais augure prévus sur son passage, une mission qui échoué systématique sur les aspects tels que la communication et operation militaire. L’EAC doit nécessairement assurer une immuabilité entre ses domaines d’intervention et donner la place de choix au regroupement qu’aux pays membres. Si non, son existence ne serait que de façade, servir les intérêts de l’un au détriment d’un autre état pourtant tous membres de la même organisation. Comme pour le cas congolo-rwandais.

Rossy Muhemedi

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