Trace Award et Festival, les leçons à en tirer pour l’industrie musicale congolaise

Trace Award et Festival, les leçons à en tirer pour l’industrie musicale congolaise

L’industrie musicale congolaise, reconnue pour son influence et sa richesse culturelle, entretient des liens étroits avec les évènements musicaux internationaux. Le Trace Award et Festival, qui s’est tenu au Rwanda, le 21 octobre dernier, m’a offert une occasion de réflexion sur le paysage musical congolais, qui se meurt au fil de temps et les défis auxquels il est confronté.

Durant 3 jours, soit du 20 au 22 octobre, tous les yeux de la scène artistique afro du monde étaient rivés vers Kigali. La capitale rwandaise a accueilli toutes les activités de la première édition du Trace Award et Festival, qui est un évènement majeur dans le domaine musical, se consacrant à la promotion de la musique et des cultures afro du monde.

Des stars mondiales mais pas un congolais

Au-delà de la cérémonie de Trace Award, un méga concert s’est tenu où la nombreuses stars de la musique mondiale ont pris part. Diamond Platinum, Davido, Rema, Yemi Alade, Didi B…les grands ont presté mais aucun artiste congolais n’a pu faire le déplacement.

Présentant des performances des plus grands artistes africains et d’ascendance africaine du monde, les Trace Award et Festival ont été présentés dans la plus grande salle couverte d’Afrique de l’EST, la BK Arena, devant 7500 super fans de musique, dont plusieurs dizaines de congolais venus de Goma. Il y avait aussi des faiseurs d’opinions, créateurs de styles et des influenceurs d’Afrique et du monde entier.

Les prix décernés ont récompensé un large éventail de genres musicaux, allant de l’Afrobeat au Dancehall, en passant par l’Afro-Pop, le Mbalax, l’Amapiano, le Zouk, la Kizomba, le Genge, le Coupé Décalé, le Bongo Fleva, le Soukous, le Gospel, le Rap, le Kompa, le RB et la Rumba congolaise.

Cet évènement coïncidait également avec le 20e anniversaire de Trace Africa, une entreprise qui a joué et continue à jouer un rôle crucial dans le développement de l’industrie musicale en Afrique.
Deux artistes congolais, Fally Ipupa et Innoss’B, étaient attendus à Kigali car, nominés dans certaines catégories. Le premier était parmi les nominés du « meilleur artiste francophone » et de la « meilleure performance live », dont il a remporté le prix, devant les grands noms de la scène comme Burna Boy. De son coté, Innoss’B était dans la catégorie de la chanson de l’année qu’il n’a pas pu remporter face à Rema avec son « Calm down ».

L’absence de ces deux stars congolaises est certainement due aux tensions politiques entre le Rwanda et la RDC. Fally Ipupa avait même déclaré précédemment qu’il ne pouvait plus se produire au pays de mille collines, tandis qu’Innoss’B avait créé la controverse en affirmant qu’il pouvait, lui, donner un concert dans ce pays voisin si une offre alléchante se présentait. Ces déclarations ont suscité des réactions en RDC et ont finalement conduit à l’annulation de la production du « Tigre » à Goma, au mois de juin dernier.

Les tensions politiques qui séparent la culture entre les deux pays

Ces tensions politiques entre la RDC et le Rwanda, notamment en raison du soutien confirmé par les experts de l’ONU du Rwanda à la rébellion du M23 en RDC, ont clairement un impact sur le secteur culturel.
Le défis diplomatique est le plus important à souligner pour les deux pays mais le Trace Award et Festival a mis en évidence l’importance de collaboration entre les pays africains pour renforcer l’industrie culturelle et artistique. La présence de nombreux artistes africains et de la diaspora à cet évènement a démontré le potentiel de coopération, de lobbying et d’échange culturel que développe le Rwanda depuis maintenant plusieurs années. Pour la RDC, il est essentiel d’encourager les initiatives de ce type et de promouvoir la création d’un environnement propice à l’émergence de nouveaux talents.

Il faut investir dans les infrastructures culturelles et artistiques en RDC

Prenant l’exemple du Rwanda auquel le dévolu a été jeté pour cette messe musicale d’envergure mondiale, nous devons s’accorder à dire que le développement de l’industrie musicale congolaise nécessite des investissent dans les infrastructures, la formation des artistes et l’encouragement de la créativité. Les gouvernements et les institutions doivent jouer un rôle actif en soutenant les initiatives culturelles et en fournissant des ressources adéquates.

De plus, une plus grande collaboration entre les artistes, les maisons de disques et les plateformes de diffusion est essentielle pour stimuler l’industrie de la RDC.

Il est important de souligner que malgré les obstacles, l’industrie musicale congolaise continue de prospérer et de se distinguer sur la scène africaine et internationale. Fally Ipupa, Ferre Gola, Héritier Watanabe ou encore la nouvelle génération de Innoss’B, de P-Son ou encore de Gally Garvey réussissent à conquérir un public fidèle, sur et en dehors du pays. Leur succès est le reflet du talent et de la créativité des artistes congolais, mais aussi de l’engagement des producteurs, des managers et de l’ensemble de l’industrie musicale congolaise.

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