Goma: la prison centrale de Goma dite “Munzenze”, véritable Guantanamo

Goma: la prison centrale de Goma dite “Munzenze”, véritable Guantanamo

La situation des détenus de la prison centrale de Goma est alarmante actuellement. Cette révélation a été faite ce lundi 24 janvier 2022 par Monsieur Dufina Tabu, président de l’association de volontaires du Congo (ASVOCO), après une descente d’inspection dans cette maison carcérale.


Avec une capacité de recevoir plus ou moins 300 détenus, la prison de Munzenze regorge actuellement plus de 3000 détenus. Selon le président de cette structure, le respect des droits humains est loin d’être observé à la prison de Munzenze.

« Il est inconcevable que sur 66 agents de la fonction publique qui sont commis à la prison de Munzenze, seuls 2 sont payés par Kinshasa. 64 autres ne sont pas pris en charge, le gouverneur leur donne 50 milles francs soit la valeur de 25 USD par mois. Qu’est-ce que l’on peut attendre de bon devant pareille situation ?« , s’interroge Dufina Tabu.

Et en ce qui est de la procédure d’incarcération, la prison de Munzenze n’est plus un lieu de rééducation, mais plutôt un véritable business entre certains prisonniers gangs, les chefs des postes et les hommes de la toge noire et blanc.

« Les prisonniers se torturent entre eux en complicité avec les chefs des postes, pour faire pression à la personne prisonnière et cela est une sorte de concussion. C’est de la corruption totale. L’amende ne doit jamais être payée entre les mains d’un agent. Il fallait plutôt payer à la banque dans le trésor public, ensuite présenter le bordereau à l’officier pour être libéré« , s’indigne le président de l’ASVOCO.

Jugement/justice du plus fort ou des hommes riches!

Dans la plupart de cas, plusieurs prisonniers croupissent dans des prisons congolaises, dans des conditions inhumaines qui puissent exister. Une situation qui s’explique par le fait que la justice existe pour les hommes forts ou qui disposent des moyens. A cet effet, les détenus qui sont dépourvus des moyens ne comparaissent pas devant les juges.

Dufina Tabu, Asvoco, Ph. Amiral SENGHOR

« Il y a des innocents qui sont toujours détenus pendant des longues périodes, alors qu’ils n’ont jamais été jugé. Et d’autres sont là mais leurs infractions sont trop petites ou carrément un petit dossier qui devait s’arranger au quartier. Mais comme l’argent arrive au premier plan dans la prison, conséquence : la prison est pleine car, il y a lenteur dans le jugement ou même le jugement n’a jamais existé pour les détenus sans moyens« , relate Dufina Tabu.

Certes, pendant cette période de l’état de siège au Nord-Kivu, il y a eu des juridictions militaires au détriment des civils. En ce sens, il est important de signaler que l’ASVOCO reste engagé auprès des autorités militaires pour le respect des droits humains dans les maisons carcérales.

Proposition des pistes des solutions

Pour désengager la prison centrale de Goma, il va falloir que l’auditeur principal fasse toujours un tour dans la prison pour s’acquérir des grands dossiers/infractions aux petits, pour libérer les détenus qui n’ont pas des moyens.

Pas des tortures, la prison est un lieu de rééducation civique. D’où il est important d’organiser des formations professionnelles à l’intention des détenus.

Mettre également en place un compte bancaire où les amendes seront payées pour éviter la corruption et la fuite de l’argent du trésor public entre les mains des individus.

Et enfin, la paie ou prise en charge des tous les agents commis à la prison Munzenze.

Toutes ces propositions ont été élucidées par le président de l’ASVOCO et que les démarches sont déjà entamées par ce dernier, pour que le respect des droits humains dans cette prison centrale soit appliqué. Un combat pas facile comme vous pouvez le croire, du fait que cela nécessite une formation et sensibilisation sociale à tous les échelons.

Amiral SENGHOR

Justice Société