Chancel Mbemba, un mode de vie en RDC

Chancel Mbemba, un mode de vie en RDC

« Si je ne parle pas beaucoup, c’est parce que je laisse mes oeuvres le faire à la place de ma bouche »

Dans le monde actuel, celui dont le numérique rythme le fonctionnement, hiérarchise les priorité et impose la loi. Celui dans lesquels n’ont généralement raisons que ceux qui parlent fort, il est difficile pour les « timides » de se frayer une place. Les chances de réussir sont tellement atrophiées qu’il faut être un Mbemba pour passer des banlieues de Kinshasa au meilleur défenseur du championnat de France.

Mais la question que je me pose ; Chancel Mbemba n’est-il pas devenu simplement un mode de vie en RDC?

Une marque

Il est vrai que quasiment tous les grands joueurs du monde, ne sortent pas du commun que grâce à leurs talents. Ils ont toujours leurs petites marques, qui permettent non seulement aux admirateurs de se reconnaître en eux, mais aussi aux jeunes d’en faire leurs modèles.

CR7 par exemple, loin de son immense talent, c’est sa marque, son éternel « Siuuu » à chaque fois qu’il met un but, qui en fait un joueur à part, vénéré et adoré. C’est le cas de plusieurs autres grands joueurs dont seul le talent ne parle pas assez pour eux.

Mbemba, pourtant moins expressif, a laissé transparaître sa marque, celle dont se sont imprégnés nombreuses gens. N’avait donc pas tord le coach Florent Ibenge, qui pensait que « Mbemba ne parle pas, mais quand il parle, on l’entend tous ».

« Boulot-Palais » est aujourd’hui le deuxième nom de Mbemba. Musiciens, athlètes, travailleurs de tous genres, bref toutes les catégories sociales en RDC en ont fait leur propre marque. Et par un effet de raccordement, Chancel Mbemba se dénomme aujourd’hui, dans les langages de beaucoup de congolais  » Monsieur Boulot-Palais« . Une marque !

Une déification

Le talent de Chancel Mbemba détient une légitimation naturelle. Ce n’est pas le sélectionneur principal des Léopards Sébastien Desabre qui a vu le contraire: « Je crois que c’est une lumière pour les autres joueurs. »

Oui, en sélection, tout comme en club, Chancel Mbemba est unique. Son unicité en a fait, rien que pour cette saison, le meilleur défenseur de Ligue 1, le meilleur africain de Ligue 1 et le deuxième meilleur buteur de son club (7 buts). Rien n’est normal.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est surnommé « demi-dieu ». Pas en référence au christ, mais en référence à »cette personne dont le rendement frise la perfection ». Lui, Chancel Mbemba fait presque tout bien, à merveille. Il est irréprochable, sur le terrain, et encore plus en dehors. C’est un vrai demi-dieu. Il mérite bien d’être placé au Panthéon. Pas pour ce qu’il a, mais pour ce qu’il est.

Un mythe brisé

Beaucoup de jeunes s’ispirent maintenant de Mbemba, plutôt de grands défenseurs européens. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Les jeunes footballeurs congolais n’avaient plus de modèle au pays. Ils ne s’affublaient plus les noms de leurs compatriotes devenus emblématiques (Nonda, Lualua, Room), comme à l’époque. Il s’installait petit à petit une forme de désintéressement et de détournement.

Désormais, la plupart des jeunes congolais, qui rêvent de devenir des grands défenseurs decalquent Chancel Mbemba, plutôt que Sergio Ramos, Virgil Van Djik… Ils n’ont plus rien à aller chercher loin.

Mbemba, devenu également, par l’effet de la hiérarchie, capitaine de la sélection, est un véritable modèle pour ces jeunes. Ces derniers s’en inspirent aux moindres détails. Son talent, son calme, son sérieux et son volume de jeu. « Je joue au foot et j’aimerais devenir comme Chancel ». De plus en plus d’initiés au football, dans des écoles de football au pays et en dehors, se fixent ça comme rêve. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.

Un mode de vie

Peu dire, trop faire! C’est si simple à comprendre, mais pas du tout facile à intérioriser. À la fameuse, « Je suis timide » de Chancel Mbemba se cache une talent incommensurable. Mais pourquoi trop parler, au point de s’enfermer par ses propres mots?

Parfois, dire peu libère mieux que dire trop. Ceci est une bonne leçon pour les jeunes académiciens congolais qui, au lieu de travailler leur fond, se prennent les têtes aux premiers exploits. Conséquence: Le travail sur terrain s’amoindrit, au détriment des à-côtés.

Et pourtant, pour atteindre le sommet, « Il faut travailler très dur, être discipliné et craindre Dieu. » C’est le secret de Mbemba, et de presque tous les grands joueurs du monde. Un mode de vie qu’il voudrait impulser dans son pays où plusieurs jeunes rêvent de jouer au très haut niveau.

« Ba jeunes nionso baza na Congo balle ya lelo eza il faut ko travailler. Soki ozwi opportunité, ko lekisa opportunité wana te parce que nzambe aza ya batu nionso mais soki apesi yo yeba ko kanga ngo, soki oza na posa osala carrière nayo koleka ngai parce que tout est possible na mokili soki ozo ndimela nzambe, luka sikoyo otambola na nzela ya bien, okosala carrière. »

Ce message, en Lingala, lâché par Mbemba sur Canal Plus, fut, non seulement celui de réconfort pour tous les jeunes qui travaillent dur en attendant un avenir radieux, mais surtout un appel à la discipline, au travail et à la résilience pour d’autres qui malheureusement empruntent des voies divertissantes.

« Tout est possible à celui qui croit »

Mbemba y a crû, il y est parvenu!

Gaéthan KOMBI

Sport