Goma Danse Festival 6: Danser pour fédérer les peuples de la région

Goma Danse Festival 6: Danser pour fédérer les peuples de la région

On y peut rien, les caprices du sort ont décidé que la 6ème édition de Goma Danse Festival se tienne dans un contexte de dissentiment politique entre les pays de la région des grands-lacs.

Mine de rien, et c’est ce qui est d’ailleurs intéressant, c’est à Goma, en République Démocratique du Congo que se déroulent, tout comme lors des cinq précédentes éditions, ces festivités qui réunissent les danseurs de tous bords autour de la danse et toutes les valeurs positives qu’elle ventile dans une société internationale largement stratifiée par des divergences de tous ordres.

La danse, étant l’un des moyens d’expression et de sensibilisation par excellence, les danseurs, parmi lesquels celles et ceux venus de l’Europe, ont décidé de braver les éclusiers imposés par la situation socio-sécuritaire afin de partager leur expérience avec les collègues d’Afrique, et du Congo plus précisément.

« Ce festival contribue à la cohabitation pacifique entre nous. C’est vrai qu’avec tout ce qui nous divise actuellement, ce n’est pas du tout facile de voir des jeunes du Rwanda, du Burundi..venir ici au Congo et vivre ensemble, partager pendant tout ce temps comme nous le faisons. Avec cette habitude d’échange et de partage, avec laquelle on grandit, je crois que dans le futur nous ne serons pas divisés comme nos aieux qui l’ont été par les colons » , estime Faraja batumike qui, contrairement à d’autres, naquit en République Démocratique du Congo.

Cette vue, qui est loin d’être singulière, est également partagée par les danseurs venus d’ailleurs. « Quand on parle de l’insécurité, on sous-entend la peur. Or, les jeunes avec qui on s’entoure, ne vivent pas ce sentiment là. C’est clair qu’avec le temps, cet espace devient un cadre de sécurité. C’est un message qu’on transmet avec l’art » , a témoigné Sponky, qui revient dans son pays, 40 ans après avoir vu jour à Matadi, dans l’ancien Bas-Congo.

Goma Danse Festival reste donc, sans équivoque, plus une opportunité de paix qu’autres chose. Telle est la conviction de Milan Emmanuel pour qui « Ce festival permet à la ville de Goma de ne pas être en autarcie, de se faire des ouvertures sur l’extérieur. C’est vrai que quand on s’apprêtait à venir ici, en Belgique les gens nous disaient de faire gaffe. Et donc, c’est important d’entretenir un certain lien avec le monde. »

Quoi de mieux que la danse pour désillusionner cette opinion qui pense à tord que: Les congolais, les rwandais, les burundais et les Ougandais se regardent uniquement en chiens de faïences ?

« Il n’y a que la danse qui peut mieux sensibiliser tout le monde, y compris les populations analphabètes. La danse est une expression universelle. Vous pouvez ne pas parler la même langue, mais il vous suffit de danser pour vous comprendre grâce aux gestes » , reste persuadé Faraja batumike, dont les prouesses dans la danse en ont fait un abonné présent à plusieurs festivals et challenges, en Afrique tout comme en Europe, à l’issue desquels il s’adjuge des distinctions personnelles.

Goma Danse Festival est une belle opportunité, un bon tremplin pour les danseurs et danseuses qui ambitionnent le Panthéon, aux côtés d’autres légendes. Ces festivités, qui ont donné plus de 30 opportunités de voyage aux jeunes danseurs de Goma grandissent de plus en plus, de même que les chances qu’ils créent.

Ce dimanche 11 Juin 2023, une grande excursion est prévue à l’île de Tshegera où les pèlerins iront au contact de la nature, dans une ambiance festive, autour de la danse, le barbecue, et plusieurs autres surprise.

Gaéthan KOMBI

Culture