« Venez voir comment les femmes se battent pour un homme« Voilà le message enfoui dans les décors érotiques qui couvent la très très prisée téléréalité « The Bachelor« . À la rencontre des Femmes-Objets
Par Gaéthan KOMBI
Mine de rien, elles sont nombreuses qui en rêvent. Elles sont encore plus nombreuses ces femmes qui s’aggloutinent telles des mouchent, devant leurs miroirs aux alouettes pour apprécier la mise en bataille de leurs congénères pour leur « homme de rêve » . Quelle ignominie!
Il ne s’agit pas là que d’un simple coup de massue au féminisme auquel le monde s’identifie davantage, mais d’un recul civilisationnel, à plusieurs siècles auparavant. Bizarrement, elles en sont toutes fieres, autant que la mouvance machiste qui en ouvre les champagnes tous les soirs d’émission. Largement pathétique!
Celles qui y concourent, et qui deviennent des stars télé de wish par après, font tout pour l’avoir, leur homme de rêve, comme si l’inverse ne pouvait jamais exister. Et de bout en bout, ce petit prince, enorgueilli par la convoitise d’une ribambelle des « femmes–choses« , se mue en un petit empereur, pour qui les esclaves viennent danser à chaque fois qu’il en a envie.
Ce petit « Prince« , alors quasiment apothéose, un peu comme quand on rentre dans un marché à bétails, se met à choisir la viande qui lui sied. Évidement selon ses préférences. En d’autres termes, il fait son choix, non pas parmi plusieurs possibilités, mais parmi plusieurs disponibilités.
Pendant ce temps, et c’est ce qui est encore plus strident, afin de taper à l’œil du petit Prince, le conglomérat de femmes-choses trémousse, chante, danse, et se depigmente même, question d’au moins exister aux yeux du petit prince. Un peu comme l’insinuait l’écrivaine française Virginie Despentes dans King Kong Théorie, « Les femmes continuent à accepter, via la chirurgie esthétique et les diktats de la mode, de rester des femmes-objets et d’envoyer aux hommes un message rassurant : N’ayez pas peur de nous« .
« La femme se chosifie davantage« , ecrivais-je il y a quelques mois, dans une de mes tribunes, jugées trop sexistes par les féministes de coins de rues. Me donneront-ils raisons aujourd’hui ? Bon, d’après-tout eux-mêmes sont fans de « The Bachelor« .
Qu’est-ce que j’appelle « Femme-chose »? C’est simplement cette femme dépourvue d’existence autonome. Cette femme reléguée et qui admet élégamment sa relégation sociale. Cette femme que les ONG(s) considèrent comme un être vulnérable et incapacitaire, dont il faut forcer le goût de l’employabilité.
La chose existe oui, mais pas en vrai. Elle est là, en attendant qu’on décide sur son sort. La seule différence avec les matériels didactiques dans « The Bachelor« , est que ces derniers sont vêtus des corps, d’esprits qu’ils ont délibérément décidé d’atrophier et des capacités de mouvance autonome.
Et dire que les concepteurs de l’émission n’ont songé qu’à ça! Évidemment qu’il l’ont fait ainsi parce qu’ils savaient que le contraire serait illogique. Pas parce qu’ils considèrent la gente masculine comme suprémaciste et orgueilleuse, mais surtout du fait de leur perception de la femme comme outil naturel de surenchère télévisuelle pour ces genres de numéro. Peut-être qu’ils pensaient, à tord, autant que le commun de mortel que « les cerveaux des femmes sont moins développés« pour admettre cette humiliation massive.
L’émission illustre une représentation insolemment inégalitaire d’une marmaille de femmes à la chasse d’un garçon. Ce petit Prince, de par sa délicatesse « naturelle« , est tenu alors au devoir protocolaire de choisir, parmi cette avalanche féminine, la fille la moins moche, la moins mesquine qui soit.
L’idée de départ étant donc simple : « L’homme est tenu de faire les choix quand la Femme est faite pour les subir. » Et moi qui pensais que la saison 2 sera l’inverse de la première. Mais, c’est comme si les Hommes ont moins besoin des Femmes que les Femmes ne l’ont d’eux.
Ainsi donc, Je signe et persiste;
Tous ceux qui suivent et applaudissent l’émission « The Bachelor » sont dénigrants vis-à-vis de la Femme. Les Femmes qui tressautent de joie quand elles suivent cette émission, qui met en spectacle la chosification de la Femme à l’égard de l’homme, sont ignoramment complices de cette ignominie. Et maintenant, à la fin, tous les gars se disent « Quand j’aurais l’argent, je ferai aussi danser les femmes« . ridicule.