Ituri : réalisations méconnues des Casques bleus de la MONUSCO dans le territoire de Djugu

Ituri : réalisations méconnues des Casques bleus de la MONUSCO dans le territoire de Djugu

Les affrontements spontanés entre deux groupes armés locaux, à savoir le CODECO et le ZAIRE, mettent à mal la population de nombreux villages du territoire de Djugu, en province de l’Ituri. Les populations ont été obligées de fuir leur milieu naturel pour se réfugier dans des contrées jugées sûres, craignant les tueries de civiles perpétrées par ces groupes armés. 

Une équipe de journalistes congolais s’est rendue au sein du site de déplacés de guerre de DjaïbaJ, situé dans le village Laudjo dans la chefferie de Bahema Badjere, à 85 km de la ville de Bunia. Ce site de déplacés de guerre est installé juste en face de la base du contingent népalais de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Sur place, les dirigeants de ce site de déplacés ont déclaré que 4712 civils, femmes, hommes et enfants, sont tous sous la protection de ces Casques bleus contre toute attaque éventuelle d’un quelconque groupe armé opérant dans la zone. 

« J’ai fui la guerre de CODECO dans mon village de KADEMO ; ces hors-la-loi ont massacré beaucoup de personnes là-bas, ils ont même brûlé ma maison. Depuis 2021, je suis ici dans ce camp de déplacés de guerre de Djaïba avec ma femme et mes enfants. Vous pouvez constater que nous sommes bien sécurisés en étant situés en face des éléments de la MONUSCO. Je voudrais que ces contingents restent ici car leur présence fait peur aux CODECO: ils ne peuvent en aucun cas nous attaquer. La MONUSCO nous a donné un système d’alerte en cas de mouvement suspect. Les militaires ne tardent pas à intervenir, ils nous ont donné un numéro vert que nous pouvons appeler en cas de besoin. Néanmoins, nous avons d’autres besoins, des vivres et des non-vivres. Nous vivons en paix avec ces militaires. Tant que le gouvernement congolais n’aura pas terminé cette guerre, nous resterons toujours à côté de cette base de la MONUSCO », a signifié Elodja Salire, l’un des déplacés de guerre de ce site de Djaïba.

La population du territoire de Djugu vivant de l’agriculture et de l’élevage, un peu plus loin de ce site de déplacés de guerre, à quelque 20 km de FATAKI, il a été constaté que les agriculteurs se rendent de nouveau en toute quiétude aux champs pendant la période de récolte, bien que ces champs se trouvent dans des zones qui sont, depuis bien longtemps théâtre des massacres de civils attribués aux combattants du groupe armé CODECO, dans le groupement DHENDRO, chefferie de BAHEMA NORD, toujours dans ce même territoire de Djugu. 

Des années en arrière, la population ne pouvait pas accéder aux champs et la famine faisait rage dans les villages. De nos jours, ces populations civiles se font accompagner par les contigents bangladais de la MONUSCO jusque dans leurs champs pour soit cultiver, soit récolter les produits champêtres, au-delà des éleveurs qui nourrissent leur bétail sans crainte des bruits de bottes. 

« Je suis venue ici pour chercher de quoi manger pour ma famille. Autrefois, personne ne pouvait s’aventurer dans son champ, plusieurs personnes ont été tuées ici même où nous sommes à DHENDRO. Grâce à la MONUSCO qui veille sur chaque groupe de cultivateurs dans les champs, nous pouvons nous livrer à nos activités champêtres sans crainte. J’aimerais que les militaires continuent ainsi, car nous pouvons manger nos produits et vendre sans difficulté »,  confie Arielle HUVE, cultivatrice rencontrée sur place.

La société civile du groupement DHENDRO qui a salué les efforts fourni par les contingents bangladais de la MONUSCO pour la sécurisation des agriculteurs en cette période, a émis le vœu de voir ces Casques bleus ainsi que le gouvernement de la République élargir le champ d’intervention car la population de certains coins du territoire de Djugu subit chaque jour la souffrance et la peur imposées par les hommes armés. 

« Ici à DHENDRO, nous avons vingt et un villages. Les villages NGWAHI, WAA, TSHEDJE se trouvent à peu près à quatre kilomètres d’ici. La population est exposée à plusieurs exactions de la part des rebelles. Il est important que les FARDC ainsi que les contingents de la MONUSCO soient déployés dans la zone pour protéger les civils là-bas », martèle Germain DHETSINA, président de la société civile du groupement DHENDRO. 

Par ailleurs, l’autorité militaire de la MONUSCO dans la zone indique que la protection des civils est la préoccupation première des Casques bleus. Pour lui, il est important que ces éléments sécurisent ces populations déplacées de guerre et sans défense, ainsi que les agriculteurs et les éleveurs en cette période de saison culturale.

«Si la MONUSCO est déployée pendant les saisons de récolte elle aura l’obligation de sécuriser les populations et leurs biens pour assurer la quiétude. En 2022, quand les opérations ont débuté, la MONUSCO a premièrement sécurisé les biens des civils et deuxièmement les élevages et les agriculteurs », précise le brigadier-général MONZURUL ALAM Northern, commandant de la MONUSCO dans le secteur.

Dans d’autres provinces, comme dans le Nord-Kivu, la société civile a toujours demandé le départ de la MONUSCO de la République démocratique du Congo, des attaques de la part de la population envers les Casques bleus y ont parfois été enregistrées il y a quelques années de cela. En Ituri, la population témoigne largement des réalisations méconnues de la Forces onusienne au profit de la population du territoire de Djugu, où des milliers de civils sont protégés et sécurisés par cette force de la paix. Il y a quelques mois, les autorités congolaises ont demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies, le prolongement du mandat de la MONUSCO, là où elle est encore active en RDC et, ce, peu de temps après le désengagement de la Mission dans la province du Sud-Kivu.

Fiston Issemwami, de retour du territoire de Djugu, en Ituri

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