La femme congolaise au centre d’une moquerie acceptée?

La femme congolaise au centre d’une moquerie acceptée?

Un peu cru comme entête, mais le constat ne fait que corroborer ce que nous exprimons au travers de ce titre à priori « offensif ». Elles sont nombreuses ces femmes qui se battent pour leur affirmation, pour leur existence dans un monde en penchant misogyne. Cependant, elles sont encore plus nombreuses voire incalculables ces femmes qui ne font que s’appitoyer sur leurs sorts.

Cette analyse « non exhaustive » tente d’appréhender les contours de la stagnation de la femme en dépit des multiples entreprises dont elle reste le centre d’intérêt.

« La femme se chosifie« 

Aboutir à cette conclusion, en griffonner les aspects et la substansifier ne nous a pas été aisé, du coup, nous nous excusons auprès de celles qui s’écartent de l’ordinaire pour cet accent « cru » et cette généralisation ne répondant qu’à la logique du nombre.

Mesdames, ça fait des décennies que diverses activités s’organisent pour vous sortir du bourbier dans lequel la nature elle-même vous a mis. Autant il n’est aisé pour n’importe quel interprète de la sainte parole de situer la femme d’après Eve, autant il est ardu pour les contemporains de circonscrire la vraie cause de vos limites. Pourtant, vous avez tout pour transcender ces éclusiers.

Femme, es-tu tellement bornée pour ne pas titiller le genre masculin qui n’a rien d’autres à faire que lésiner pompeusement sur ta subordination à lui, et pourtant t’as été celle qui l’a fait faire le plus gros interdit de l’histoire « croquer la pomme« ?. Non, T’as sûrement une carte à jouer dans ce clivage de genre, mais pour y arriver, il faudra t’affirmer comme une pierre angulaire de la construction de l’actuelle civilisation.

Les femmes, du moins pour la plupart n’hésitent pas à se chosifier pour s’attirer la sympathie, l’amour, le « respect » du genre masculin. Elles confondent « demander une égalité et l’imposer« . Deux théories diamétralement opposées dans le fond et la forme. Au lieu de l’imposer de par « les évidences de valeurs, de qualités, de charisme« , elles se contentent de les demander avec la plus farouche arme qui puisse soumettre le Mal, « le sexe« .

Le sexe de la femme a détruit des royaumes insubmersibles, démanteler des régimes forts et même surclasser certains grands personnages. Le bémol est que ce pouvoir du « sexe » n’est jamais solide, autant que l’organe lui même, il brille, performe, effiloche et expire. Les bases solides n’y sont souvent guère bâties. Tout le contraire d’un pouvoir charismatique qui, comme dans l’ancien temps, demeurait et traversait même le temps.

La femme croit qu’elle n’a que ça pour impressionner la société. D’où les dictons balourds « Femme=fleur, Mwanamuke mauwa… » qui foisonnent dans le jargon Gomatracien et congolais en général. Elles se chosifient pour rappeler aux hommes qu’elles ont aussi une part considérable dans la construction de la société comme estime l’écrivaine française Virginie Despentes dans King Kong Théorie, « Les femmes continuent à accepter, via la chirurgie esthétique et les diktats de la mode, de rester des femmes-objets et d’envoyer aux hommes un message rassurant :« N’ayez pas peur de nous»« . Une conception matérielle que la femme actuelle se donne et qui, à notre avis, ne fait que l’enfoncer dans une situation de soumission.

« La femme se sous-estime »

« Les femmes qui lisent sont dangereuses » ont écrit Laure Adler et Stefan Bollmann. Ils ne sont pas les seuls à se mettre à la recherche de cette femme Beauvoirienne. Cette femme qui déplace les montagnes, qui exorcise la pudeur misogyne, qui constitue une potion magique au machisme…

Des conférenciers se mettent à pied d’œuvre pour cerner les raisons de la disparition presque totale de cette race. Les rares qui sortent du lot s’adjugent tous les beaux qualificatifs que peut revenir une femme de valeur, « Battante, influenceuse, lionne… ». Marquer l’histoire, pourtant une obsession pour les rares qui se démarquent n’est pas un souci pour d’autres, celà représente d’ailleurs un objet à moquerie pour elles.

La majorité écrasante suit le vent de la mode, de l’esthétique, du beau, la minorité infinitésimale qui tente d’émerger dans les domaines que seuls les hommes s’approprient est tournée en dérision. Il suffit de voir comme une femme est vue par ses congénères à chaque sortie de bibliothèque, armes à la main pour les soldates ou policières, pinceaux en main pour les peintres,… Du coup, la raison d’exister pour les femmes « ordinaires« , celles qui n’ont guère besoin de relever le défi du genre, reste le mariage. « Celle-là ne se mariera jamais, je compte me marier à…, Mon mari sera.. » c’est tout ce qui se murmure entre elles comme si c’était la seule manière de colorier sa vie.

« La société s’en moque »

Mon combat contre la discrimination positive est évidente. Oui, je suis élu ou promu à n’importe quel poste de responsabilité, je n’appliquerais jamais cet outil de promotion de l’oisiveté. Il faudra mériter ce qu’on a.

Mesdames, la société vous humilie sans que vous le sachiez, elle crache sur vous, vous devriez avoir honte de ce qu’elle vous inflige comme traitement et que vous, dans votre naïveté, vous prenez pour « faveur« . Je vous soutien et j’épouse donc la conception Zemmouriste sur la discrimination positive. Elle est une élégante humiliation pour la femme, elle vous réduit à des êtres sans capacité de se faire valoir eux-mêmes, à des incapables sociaux.

Laissez-moi vous montrer comment la société et les organes même qui sont censés vous valoriser vous tournent en dérision. À quoi servent les quotas réservés exclusivement aux femmes dans des entreprises si ce n’est cracher sur votre capacité d’employabilité? À quoi servent les quotas des femmes à chaque formation du gouvernement si ce n’est remettre en cause votre capacité à se mouvoir politiquement ? À quoi sert l’éternelle formule « hypocritement sexiste » à chaque offre d’emploi selon laquelle « les candidatures féminines sont vivement encouragées« ? Comme si les femmes étaient une race à part dont l’intérêt à l’emploi était inexistant.

En conclusion de cette réflexion révoltante, mesdames, sachez que vous n’êtes pas faites que pour l’esthétique, la mode. Vous êtes capable, autant que le genre masculin à faire valoir vos capacités. Vous n’êtes pas que les objets utilisés par des conglomérats d’hommes comme calicot de visibilité ou outil de viabilité. Vous n’êtes pas que ces marionnettes élevés au haut titre de responsabilité pour colorier les institutions. Vous êtes aussi celles qui façonnent les sociétés, mais pour ça, il n’y a qu’une formule à suivre fidèlement ; c’est celle qui nous est proposée par le rappeur français Kery James, APPRENDRE (Les femmes qui lisent sont dangereuses et moins susceptibles à la duperie), COMPRENDRE ( Se poser les bonnes questions et y trouver les bonnes réponses) et ENTREPRENDRE ( L’autonomie d’une femme et son savoir sont deux armes fatales d’une femme de pouvoir).

Gaethan KOMBI

Société