Les relations dans la région des Grands-lacs sont du type belliqueux, la RDC a compris. Tu finances ma rébellion,  je finance la tienne

Les relations dans la région des Grands-lacs sont du type belliqueux, la RDC a compris. Tu finances ma rébellion, je finance la tienne

Rossy Muhemedi

Les combats opposent depuis près de quatre semaines, les Forces de la République démocratique du Congo et les rebelles du mouvement de 23 mars (M23), dans le territoire de Rutshuru en province du Nord-Kivu, à l’Est du pays. Les autorités militaires de la RDC affirment que ce mouvement qualifié par Kinshasa de « groupe terroriste », attaque son territoire par procuration du Rwanda pour le déstabiliser et maintenir son influence dans l’appareil sécuritaire congolais.

Le système sécuritaire congolais est souillé par plusieurs infiltrations au profit de ses voisins du côté oriental, les séquelles de la guerre dite de « libération » entretenue par le président Laurent Désiré Kabila.

Par souci de renverser le pouvoir du Maréchal Mobutu, le maquisard Kabila avait fait confiance aux moyens humains et matériels des pays limitrophes pour la plupart du côté Est pour parvenir à ses fins. Mais hélas, il a vite compris que l’agenda de ces compagnons était bien plus inconnu que connu. Parvenir à démettre le président Mobutu, les premières heures du règne de Kabila père ont été celles de refaire les alliances conclues avec ses alliés, peut-être pour recadrer les enjeux. Mais l’horloge était de loin avancée, jusqu’à se trouver avoir plus d’embarras que des choix. Les bâtons grandement dans les roues de son pouvoir, il est assassiné sans réaliser la quintessence de sa lutte au peuple qu’il venait de changer leur appellation.

L’agenda de ses acolytes avait d’autres projets bien dévastateurs pour son pays

Arrivé au pouvoir en 1986 par un coup de maître, le président ougandais Yoweri Museveni, a facilité les réfugiés rwandais (Tutsi) en Ouganda de prendre le pouvoir à Kigali entre les mains des (Hutu), et avait ainsi assis son influence sur ce territoire. En facilitant la prise de pouvoir à Kinshasa par Kabila, le nouveau leader de la région des Grands-lacs avait aggrandi le territoire de son influence.

Expandre l’empire tutsi dans les régions sous leur imperium, les présidents ougandais et rwandais qui se connaissent déjà bien, veulent matérialiser ce projet en s’accordant de l’imposer sur la partie Est de la République démocratique du Congo, précisément dans l’ancien Kivu par exemple.

Les conquêtes se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir pillé systématiquement les ressources du pays, ils se sont d’ailleurs affrontés entre eux dans la ville de Kisangani. Ce projet n’a jamais réussi car en étant minoritaire sur ce flanc, la lutte armée ne saura pas garantir la durabilité de celui-ci.

Les armées se retirent sur le sol du Congo et changent de stratégie

Désormais c’est par procuration des groupes armés qu’ils vont continuer à déstabiliser la RDC et directement l’exploiter à leurs guises. Les groupes rebelles comme le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), au Mouvement du 23 mars (M23), l’onglet ombilical de ces pays n’a jamais été coupé. Ils continuent à assister malignement une rébellion au Congo. Considéré comme la vache au lait.

Pour ces deux figures personne ne veut être dans la poche de l’autre

Des provocations de part et d’autre ont surgi, il y’a peu d’années en arrière. Les parties ougandaise et rwandaise s’accusent mutuellement d’entretenir des milices pour déstabiliser les pouvoir en placer à Kampala et à Kigali.

Le régime du président Museveni a accusé le Rwanda d’infiltrer ses services de renseignement . Du côté rwandais, le discours laissait entendre que Kampala voulait armer une milice hostile à son pouvoir dirigée par le transfuge du FPR du président Kagame, Kayumba Nyamwasa qui vit en exil en Afrique du Sud dont Kampala lui aurait remis son passeport. Kayumba étant l’un des maquisards qui avait combattu aux côtés de Kagame pour renverser le pouvoir à Kigali, et tombé en disgrâce après avec l’homme fort de Kigali.

Tu m’aides, je t’aide. Tu finances ma rébellion, je finance la tienne.

Les relations dans la région des Grands-lacs sont fragiles, faute d’un projet régional de grande envergure. Dans les provinces frontalières de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi sévissent toujours des mouvements armés. A défaut de démettre le pouvoir à Kampala, Kigali et Bujumbura, ils présentent de sérieux danger pour ces pays. Dans des communiqués interposés, les officiels congolais et rwandais s’accusent mutuellement de soutenir une rébellion hostile à l’un ou l’autre. Le M23 soutenu par le Rwanda ou la supposition du soutien des Fardc aux Fdlr. Comme pour le Rwanda de justifier sa présence au Congo.
Pour le cas de la RDC, elle doit donner de la priorité à son armée pour être très efficace à une menace d’où qu’elle vienne dans la sous- région. Du fait qu’on pourrait avoir plusieurs négociations de paix, mais sans la volonté politique de part et d’autre, cela restera un cercle vicieux. La diplomatie est une bonne voie, chose qu’ici, on pourra compter des centaines de résolutions qui ne suivront pas d’un engagement consensuel. Les moyens doivent vite être disponibles aux forces loyalistes, pour mieux s’organiser à partir de l’intérieur et faire un bloc patriotique.

Éditorial