Éditorial: “La population de Goma ne doit pas toute marcher pour exiger sa sécurité”, de Rossy MUHEMEDI

Éditorial: “La population de Goma ne doit pas toute marcher pour exiger sa sécurité”, de Rossy MUHEMEDI

La rédaction de le-renouveau.net a interrogé l’éditorialiste Rossy MUHEMEDI, à qui appartient les nuits de la population de Goma ? Celui-ci en donne une vue panoramique et dévoile le responsable numéro Un.

Située à l’Est de la République démocratique du Congo, composée par dix-huit quartiers et traversée par deux communes. La ville est formée sur le pied du volcan Nyiragongo, ses origines remontent à l’époque coloniale vers les années 1912, selon certains documents. La déformation du mot  »ngoma », tambour en traduction française ne serait pas un mauvais présage du son produit par cet instrument cher aux cultures africaines aussi présent dans les cérémonies funéraires.

La criminalité urbaine accompagnée de cas d’assassinats et cambriolages d’habitations de paisibles citoyens. Ce constat réveille un habitant sur 3 dans la ville de Goma. Cette situation d’insécurité est directement collée au nom de la ville, malgré la bonne image qui résonne dans plusieurs de ses attributs notamment, la ville «la ville», grâce à la permanence de l’électricité produite par la société Virunga s.a.r.l.

Pourtant dans une province sous un régime spécial !
Le Nord-Kivu est régulièrement le théâtre de violences armées et de massacres, des dizaines de groupes armés variables sont encore actifs dans l’Est du pays, jusqu’à 122, d’après les experts.
C’est en ce sens que, le Président Félix Tshisekedi a jugé salutaire d’opter pour l’état de siège dans cette province, depuis mai 2021, pour juguler ce phénomène et ramener la paix dans cette partie, une paix qui coûte très chère apparemment.

Plusieurs cas d’assassinats enregistrés par les observateurs. Qui ne joue pas bien son rôle concrètement?
Tout le monde !  La sécurité est l’apanage de tous, chacun a toujours un apport significatif.

Je pointe les canaux de communication entre dirigeants et dirigés, ils n’inspirent pas confiance. Est-ce l’infiltration tant décriée dans les services étatiques? Peut-être.
Pour éradiquer la criminalité dans la capitale provinciale, les 10 maisons doivent être les vrais patrons de la sécurité, eux sont confrontés et dépassés souvent par la situation de façon quotidienne. Ils doivent avoir un canal spécial au gouvernorat, cela implique des moyens et des formations.

A chaque cas d’assassinat, c’est l’État de siège qui est pointé directement. Bien sûr ! La population souvent victime, quand une mesure est spéciale, elle a tout son pesant d’or. L’État de siège est venu remplacé les autorités civiles par une administration militaire. Est-ce que tout le monde coopère ? C’est toute la question pour réussir. En politique, on ne se fait pas de cadeau, dit-on. Mais ici, l’urgence s’impose. Il faut un sursaut patriotique. La population de Goma ne doit pas toute marcher pour exiger sa sécurité, cela souillera les efforts attendus dans le cadre de ce régime spécial.

Qui tue à Goma ?
Ce sont ces gens qui passent entre les mailles des services de renseignement provinciaux et nationaux. Tout le monde crie au sorcier, et l’énergie de l’arrêter manque. Les stratégies doivent être révisées pour permettre aux citoyens de la ville de s’approprier leur sécurité. Les criminels vivent avec la population, la stratégie pour les extirper de là n’est pas encore au rendez-vous, mais la population veut cette paix.

Les résultats de l’état de siège doivent être palpables à Goma même.

La ville de Goma est une vitrine de l’état de siège, bien que longtemps une zone opérationnelle. Pendant que les opérations proprement dites sont concentrées dans la partie nord de la province, Goma doit respirer un bon air et profiter de ses bienfaits touristiques. C’est l’échantillon qui vend la marchandise. Certains minimiseraient l’impact de l’état de siège à partir des résultats observés dans ce coin touristique. C’est le cas de ceux qui veulent maintenir  leur élection et ceux qui cherchent à se faire élire.

Assainir les canaux habituels de communication entre ceux qui sont au pouvoir et les patrons de ce pouvoir (la population). “Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi ”, disait un penseur.

Il faut créer un cadre sain de communication et qu’il soit permanent.
La population croit en ses autorités parce qu’elles sont leurs protectrices. La bonne formule pour ces autorités c’est d’avoir cette population dans la réussite de leur mission combien courageuse. Le message, c’est le canal. Tout passe par un outil efficace de la communication pour recréer cette confiance et de réussir à sortir Goma de ce phénomène.

Éditorial