RDC: Pourquoi ne plus oser les accords militaires ? (Opinion)

RDC: Pourquoi ne plus oser les accords militaires ? (Opinion)

Depuis son accession à la magistrature suprême, Le président Felix Tshisekedi a signé de nombreuses coopérations militaires entre différents pays dans le cadre de formation et de l’appui aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (Fardc).  Les récentes signatures signées par les dirigeants congolais et ses voisins ougandais et rwandais. En novembre pour le cas ougandais dans le volet militaire, et en décembre  pour  le cas rwandais dans le domaine de police, font réagir plus d’un congolais.

C’est quoi un accord entre Etats ?

Les accords sont signés au sein du système des relations internationales contemporain, particulièrement pour ceux qui estiment qu’ils ne peuvent y garantir à eux seuls leur sécurité. La relation est toujours fondée initialement sur un intérêt et des valeurs en commun.  Dans le cadre des coopérations auxquelles la République Démocratique du Congo se livre ce dernier temps prouve à suffisance, la prise de conscience de nouveaux dirigeants au pouvoir à Kinshasa, après le diagnostic des maux congolais, il indique que le remède ne pas à chercher uniquement au pays.  Toute alliance, qu’elle soit entre la police ou l’armée, est donc l’association d’au moins deux États qui partagent des intérêts et désireux de faire face, ensemble, à une menace réelle ou potentielle attentant ou pouvant attenter à leur sécurité ; elle consiste en une mise en commun de forces de sécurité dont l’économie générale est que le tout est supérieur à la somme des parties.

Pourquoi unir ses forces avec d’autres aussi longtemps que le peuple croit toujours en son protecteur, ici nous parlons de l’Etat congolais.

La victoire physique, consiste à exploiter la supériorité de l’alliance (en termes de masse ou de technique par exemple) pour vaincre physiquement et/ou moralement un ennemi. L’alliance dans le cas présent se construit sur la base de valeurs et d’intérêts partagés. Elle est en ceci plus forte que la coalition car cette dernière n’est construite que « contre » un ennemi ou une menace, elle est donc plus limitée sur le plan temporel. Sans intérêts communs ni menace commune, l’alliance n’aurait logiquement plus lieu d’être et les alliés ne devraient alors pas avoir de scrupules à la quitter puisque, par défaut de raison d’exister, elle devient absurde. Anéantir le groupe rebelle allié au terrorisme international et opposant du régime au pouvoir en Ouganda, les Allied Democratic forces (ADF), qui endeuille régulièrement les familles congolaises, dans le territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu et qui a élargi son champ dans la province voisine de l’Ituri et a récemment causé une attaque à la bombe à Kampala. Le cas  de la coopération militaire entre la République Démocratique du Congo et  l’Ouganda, et dans un autre protocole la coopération entre les forces de police congolaise et rwandaise dans une mission bien indiquée par le communiqué signé entre les deux parties, entre autres, lutter contre la criminalité transnationale, le terrorisme ainsi que le partage des renseignements entre ces deux institutions de sécurité. Le Congo Kinshasa veut éradiquer ces anomalies qui endeuillent ses populations, et ne veut négliger aucune option pour y arriver.  L’alliance, cependant doit être pragmatique et tournée vers la protection des intérêts communs, association de valeurs communes, enchaînement de volontés étatiques pour la réalisation des objectifs poursuivis.

L’incompréhension…

Nous commentons juste comment un tel ou tel autre Etat est protégé, mais nous ignorons comment cette sécurité est assurée ! Certains éléments nous échappent toujours, à ce moment, il nous faut un peu de temps pour parvenir à appréhender le moindre détail. Le contexte change et ainsi de suite, nous vivons dans un monde évolutif et d’où les changements observés obligent toujours une adaptation aux circonstances pour qu’un Etat sécurise régulièrement son territoire.

Pourquoi passer par le Rwanda ou l’Ouganda pour  se sécuriser pourtant, ils sont cités parmi de nombreux rapports onusiens et d’ organisations non gouvernementales d’en avoir pour beaucoup dans la déstabilisation du territoire congolais ?

Avec des éternels voisins, il faut toujours être prudent. L’approche adoptée par le successeur de Joseph Kabila semble minimise tout obstacle dans les coopérations qu’il entreprend, le cas de figure, avec l’Ouganda et le Rwanda. Si, on interroge le passe récent avec ces voisins, il y a plus à craindre, si l’on restait alors dans ce passé. Les troupes burundaises, ougandaises ainsi que rwandaises et ses acolytes ont pillé systématiquement les minerais, les fermes, les batails, les banques et causé plusieurs désolations dans les familles congolaises… au début de l’an 1998, d’après ces rapports, en pleine rébellion du mouvement  de Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Les assauts de groupe armé des entrailles du Rwanda allait jusqu’à planer l’ombre de la balkanisation du Congo Kinshasa. Le pays était démembre à l’époque. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, il n’y avait plus du Congo géographiquement.

Avec les coopérations signées par le Président Tshisekedi et ses voisins qui envient les ressources naturelles de son pays, n’y-t-il pas risque réveiller les vieux démons de la balkanisation ?

L’existence de ces rapports nationaux et internationaux sur le pillage du Congo  ne doit en revanche pas limiter la capacité à s’interroger sur le bien-fondé des autres coopérations avec les voisins. Autre temps autres mœurs, dit-on. Les enjeux de ces coopérations reposent sur  les questions savamment mûries  à chaque limite, notre passé avec ces pays est sombre, personne ne l’ignore, de genèse et d’apocalypse les coopérations doivent être claires pour le bien du peuple,  pour éviter toute action qui révèlera d’un caractère fatal pour ces opérations, un fait qui servira de constat d’échec avec des conséquences fâcheuses politiquement pour les actuels dirigeants du pays. La RDC a besoin d’une paix durable, vecteur de son développement tant attendu par ses populations. Les faits et gestes de ces opérations ont un avantage psychologique  aux ennemis de la paix du fait que ceux-ci se verront en face d’eux, de nouveaux programmes avec des stratégies bien différentes, une tactique avec un effet direct sur l’ennemi. La fin justifie les moyens, pour reprendre cette phrase d’un écrivain italien.

Le manque de volonté des animateurs du pays  de matérialiser les conclusions de l’Accord global et inclusif qui a permis au pays de retrouvé son territoire en entier. Le danger reste permanant.

Il faut concrétiser les engagements signés dans l’Accord global et inclusif de décembre 2003 à Pretoria, en Afrique du Sud.

Les recommandations ci-après ont un impact pas négligeable dans la vie de la nation congolaise, notamment :

1. la réunification, la pacification, la reconstruction du Pays, la restauration de l’intégrité territoriale, et le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national;

2. la réconciliation nationale;

3. la formation d’une armée nationale, restructurée et intégrée;

4. l’organisation d’élections libres et transparentes à tous les niveaux permettant la mise

en place d’un régime constitutionnel démocratique;

5. la mise en place des structures devant aboutir à un nouvel ordre politique.

La classe politique issue de cet Accord global et inclusif n’a pas pu matérialiser ces mesures pourtant très pertinentes dans l’organisation et le fonctionnement de la souveraineté nationale. L’absence de l’autorité de l’Etat a permis la métastase de la criminalité dans tout le pays, la corruption a davantage ruiné le pays et plongé les citoyens congolais dans une misère indescriptible. La dénonciation des accords signés par le président congolais avec ses homologues dans la sous-région est, dans un premier regard une sorte d’irresponsabilité de la part de l’opérateur politique congolais, car c’est un choix délibéré ou la naïveté de conclure que ces opérations menées conjointement avec les Forces de défense ougandaises n’aboutiront qu’à un fiasco. Pourtant, il faut une solution pour guérir la crise sécuritaire du pays, et du deuxième regard, est une prudence qu’a tout observateur dans ce dossier.

Alors quels sont ces mécanismes qui pourront mettre tout le monde dans la recherche de la paix en République Démocratique du Congo ?

La division entre les politiciens congolais est très profonde, l’idéal serait que tout le monde parle le même langage pour la destinée du pays, mais hélas ! Depuis l’avènement des premières élections démocratiques, elles ont toujours été contestées et ont créé de graves crises sociopolitiques dans le pays. Le régionalisme dans le langage électoral et occupation des postes de décision, voilà le mal du Congo. Comme l’avenir d’une nation ne se faine pas, il y a toujours des hommes courageux et audacieux qui surgissent et se  se mettent au-dessus de la mêlée pour relever les nombreux défis auxquels fait face le géant de l’Afrique centrale. Nous avons toujours cet espoir qu’a combinant les stratégies, la RDC parviendra à sortir la tête de l’eau où elle est longtemps submergée  et jouer sa part dans l’émergence de l’humanité. Le président actuel s’y met, mais il faudra beaucoup plus avant de ressentir ses initiatives dans la vie quotidienne du citoyen lambda.

Rossy MUHEMEDI

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